Green IT : quand les transitions numérique et environnementale convergent
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Anna POZDEEVA
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Anna POZDEEVA

Green IT : quand les transitions numérique et environnementale convergent

25/7/2023
Le monde du numérique est souvent associé à quelque chose de virtuel. De ce fait, il est difficile de percevoir les impacts qu’il peut avoir sur l’environnement. Or, il pourrait bientôt devenir le premier pollueur de la planète. La démarche Green IT vise à réduire cet impact environnemental, toute en créant de la valeur pour les utilisateurs, la société et la planète.

Le monde du numérique est souvent associé à quelque chose de virtuel. Or, son bon fonctionnement nécessite des biens bien réels : ordinateurs, serveurs, câbles réseaux, data centers, etc., ainsi que de l’énergie. Aujourd’hui, le numérique émet 3,8% des gaz à effet de serre (GES) au monde, soit plus que le transport civil aérien et il pourrait bientôt devenir le premier pollueur de la planète. Alors, la digitalisation, est-ce vraiment une bonne chose ?

Avantages de la transition numérique

Internet et les outils digitaux font désormais partie intégrale de nos vies quotidiennes. Tout comme l’industrialisation massive du XIX siècle, le numérique a transformé nos usages et nos comportements de manière radicale. Le monde digital offre des avantages incroyables pour faciliter nos vies de tous les jours : la réalisation de nos démarches administratives, nos achats, nos déplacements, etc. Le numérique a permis de donner accès à l’éducation et aux soins médicaux aux personnes habitant dans les coins les plus éloignés du globe, de faire progresser la recherche scientifique à l’échelle internationale (NDLR : après tout, WWW est né au CERN) et de prédire les catastrophes naturelles. Il nous a également permis de continuer à étudier et à travailler, même pendant le confinement lié à la pandémie. Sans la transition numérique, tout cela serait impossible.

Phénomène de l’abondance numérique

Grâce au développement des réseaux internet sans fil et la démocratisation des terminaux portables (ordinateurs et smartphones), il est possible d’accéder aux produits et services numériques n’importe où, à n’importe quel moment et de manière quasi instantanée. Ce phénomène d’ubiquité du numérique crée une sensation de l’abondance et stimule encore plus la consommation de ces biens et services, ce qui résulte à son tour en surconsommation de l’énergie. Par exemple, le visionnage (à l'échelle mondiale) du clip Gangnam Style aurait induit une demande d’électricité équivalente à la consommation annuelle d'une petite centrale nucléaire.

Illustration : Gangnam style

Or, les impacts liés à nos utilisations ne sont qu’une partie visible de l’iceberg des impacts environnementaux du numérique. Derrière cette perception d’abondance, se cachent des ressources (énergie, eau) et des matières premières critiques (NDLR : matières présentant un risque élevé de pénurie d’approvisionnement, comme Cobalt, Lithium ou Tantale) utilisées pour la fabrication de nos appareils électroniques.  Selon ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie), des pénuries sur certaines de ces matières pourraient survenir dans un avenir très proche (10 ans).

La plupart des impacts du numérique se produisent en amont de l’étape d’utilisation  

La majeure partie (soit 2/3 à 3/4) des impacts se situe à l’étape de fabrication du matériel, notamment au moment de l’extraction et du raffinage, les activités souvent effectuées dans des conditions dangereuses et qui provoquent la pollution des eaux et des sols. De plus, l’exploitation de certaines terres rares, dénommés « minerais de conflit » finance des conflits armés et entrainent des violations des droits de l’Homme.

Cycle de vie des équipements électroniques

Alors, devons-nous tenir le fabricant responsable de tous les problèmes causés par le numérique ?

Pas tout à fait. Si l’impact environnemental du numérique ne cesse pas d’augmenter, c’est parce que la consommation des biens et services numériques le fait aussi. La surconsommation d’énergie et de ressources primaires, ainsi que la pollution engendrée pour la fabrication de nos équipements électroniques, n’est qu’une réponse logique à la demande croissante des utilisateurs, qui consument de plus en plus de biens numériques.

Comment agir ?

Ainsi, le moyen le plus efficace de réduire les impacts du numérique, c’est de raisonner nos usages. Certes, le numérique est devenu presque indispensable dans nos vies de tous les jours, mais certains usages sont plus importants que d’autres. Par exemple, s’il est difficile d’imaginer nos vies sans un smartphone, il n’est pas indispensable de le changer tous les ans au moment d’apparition d’un nouveau modèle. Non seulement cela évite la fabrication d’un appareil, mais cela permet également de réduire le nombre de déchets électroniques et éviter ainsi les crises liées à l’accumulation des déchets électroniques et électriques, comme c’est le cas de la ville d’Agbogbloshie (Ghana).

La décharge d'Agbogbloshie

C'est pareil pour les données. Il est important de garder nos souvenirs en photos, mais est-ce vraiment nécessaire d'en avoir 1 000 (presque) identiques ?

Magie de la sobriété numérique

Avec des usages raisonnés et responsables, le numérique peut faire progresser l’humanité. Parfois, il est possible d’accomplir les grandes choses avec très peu de données ! L'Apollo Guidance Computer (AGC), le système de navigation et de pilotage développé par MIT, n’avait que 76 Ko de mémoire, mais cela a permis aux Etats-Unis de poser les vaisseaux spatiaux des missions Apollo sur la Lune (en comparaison, aujourd’hui, la taille moyenne d'un e-mail au format HTML est de 81 Ko).

Astronaute John Young sur la Lune

Rassurez -vous : il faut peu pour changer le monde ! 😉